"Le confinement lié à l'épidémie de Covid-19 a été une expérience grandeur nature pour l'immobilier de bureau...Les salariés ont été contraints de travailler à distance pendant plusieurs semaines, et des transformations qui étaient déjà à l’œuvre se sont brusquement accélérées...Les salariés choisiront aussi les entreprises avec lesquelles ils veulent s'engager en fonction de l'expérience qu'ils vivront sur leur lieu de travail" déclarait fin juin Méka Brunel, directrice générale du groupe Gecina qui détient plus de 16 milliards d'euros de bureaux. Une conclusion importante pour l'expertise: "Des bureaux vides n'ont pas de valeur en soi !".
Ces réflexions sont largement partagées chez les grands acteurs du secteur, qui n'ont pas attendu la crise pour tenir un discours selon lequel les bureaux ne se résument plus à quelques murs mais doivent offrir tout une gamme d'expériences aux employés des entreprises locataires.
Le marché était déjà perturbé par la vague des immeubles de "coworking" qui proposent de louer de manière très souple des lieux pour travailler avec de multiples animations à la clé.
Le coronavirus a encore accentué cette tendance en montrant que de multiples entreprises étaient capables de fonctionner pendant des semaines en laissant leurs employés travailler à distance.
Dans ce contexte, le télétravail ne deviendra pas la règle mais le marché des bureaux ne reviendra pas à la situation d'avant le confinement.
Prévisions difficiles
L'indicateur trimestriel de référence, Immostat, témoigne d'une chute sans précédent en Île-de-France, là où se concentre le gros du secteur en France.
"Le marché locatif francilien enregistre le pire trimestre de son histoire", a résumé dans un communiqué le cabinet JLL.
Entre avril et juin, il y a eu environ deux tiers (-65%) de bureaux loués en moins en région parisienne par rapport avril-juin 2019. Cette évolution s'entend en superficie totale, celle-ci s'établissant à 197.500 m².
"Le confinement a marqué un coup d'arrêt aux mouvements des entreprises", a souligné Marie-Laure Leclercq De Sousa, Directeur Leasing Markets Advisory chez JLL. "Il faudra probablement attendre septembre (...) pour voir les demandes être réactivées. La question est de savoir si ces projets se transformeront dès le second semestre 2020 ou en 2021".
Un autre chiffre témoigne du coup d'arrêt du marché.
Quatre milliards d'euros seulement ont été investis en immobilier d'entreprise sur toute la France; soit une baisse de 58% au deuxième trimestre.
"Outre les difficultés techniques liées au confinement, le marché de l'investissement a (...) souffert d'un accès extrêmement sélectif au financement", remarque dans une note CBRE qui juge "solides" les bases du secteur. Mais celui-ci reste particulièrement exposé à l'évolution d'une conjoncture économique qui s'annonce catastrophique avec une récession de plus de 10% prévue en 2020 en France.
"Difficile de faire des prévisions à ce stade tant les incertitudes sur la suite et le profil de la reprise économique demeurent", conclut dans une note Eric Siesse, de la filiale immobilière de BNP Paribas.
source: Batinfo.com, Deloitte, CBRE, JLL, Gecina, BNP Paribas